20/11/2008

Retour a la civilisation (au sens post-moderne!)... Et pas n`importe laquelle !!! LA CHINE.

Apres les nombreux periples fantastiques mongols; apres une derniere halte dans le desert de gobbi ou les chameaux remplacent les chevaux et ou le sable jaune, parfois rouge-orange, remplace la neige et accueille des temples bouddhistes, retires, simples, magnifiques; apres une derniere portion du train mytique ou les mongols sans reservation s`entassent a trois sur une banquette (en wagon platskart, le wagon dortoir que j`avais deja experimente en russie) ... Ce qui m`a conduit a dormir sur la planche du haut, initialement reservee aux bagages... entre la soufflerie chaude et le plafond... a 2m30 environ... Apres tout cela et tant d`autres... Je suis arrive a Beijing (Pekin)... La Chine, pas de doute...

Des le passage de la fontiere, de nouvelles odeurs, trop! La mongolie, froide, ne m`avait propose que quelques delices simples et sans epices... La chine accueille ses voyageurs avec trop de parfums, qui donnent rapidement la nausee... Le temps de s`y faire! Les gens! Partout! ca grouille... Taxi vert et jaune, klaxons, pousse-pousses, velos en tout genre, transportant toute la marchandise du monde!... pietons, vieux jouant au go ou aux cartes, enfants, y`en a vraiment partout! Et, de maniere contradictoire, je le vis comme une sorte d`apaisement... Me laissant deborder par cette vie dense... Je me rends compte que je viens de quitter un pays ou la vie est aussi simple que dure... Du aux conditions probablement?! et a sa propre histoire?! En tout cas, je recois les variances de la vie chinoise comme un bain de vie facile... Moderne... C`est aussi ca! La chine est un pays modernise et developpe! Les petits restos sont partout et gorges de delices asiatiques... Les trains et les bus sont hyper cleans et super organises. Il n`y a plus rien a prevoir, on prevoit pour toi! Mode assiste! C`est ca! Je retrouve un monde ou avec quelques pieces, tout mes besoins sont combles... Et la chine, c`est pas cher! Il faut reconstruire sa frustration dans ce pannel de la consommation a outrance! Faire des choix, ne pas craquer pour ce petit canard laque... Prefere aller decouvrir la muraille de chine. Quelle folie cette construction qui suit les formes genereuses de la nature! C`est magnifique, c`est immense! Et puis la cite interdite, les temples, les monasteres, les vieux quartiers populaires de Beijing... Un bon delire a ete de trainer dans toutes les petites ruelles de Beijing a velo, toute une journee durant. On y decouvre toutes sortes de tranches de vie a chaque coin de rue; des parcs, des petits lacs, des rues deguelasses, des velos fous!, des marches debordant de fruits jamais vus, de babioles chinoise, de viandes bizarres... Velo a Beijing, ca permet aussi de se mettre a la coutume locale puisque c`est le principal moyen de locomotion! Apres quelques jours a Beijing, je file vers le sud, la region de Sichuan et Chegdu, sa capitale (une petite bourgade de quelques millions d`habitants... seulement...). 30h de train qui traverse des paysages verdoyants. Je vois des champs de the a perte de vue! Repartis en petites parcelles. Puis des vallees enchanteuses ou les habitants ont amenages des cultures en terrasse. Les montagnes sont vertes! Les rivieres coulent a flot! C`est, encore une fois, magnifique!

Chengdu, ville ou l`atmosphere est paisible... Malgre le grouillement permanent de ses habitants! La bouffe y est encore plus epicee! Personne ne parle anglais... Les parcs publics sont les lieux de manifestations festives quotidiennes! Un poste de 20w et 350 personnes dansent une choregraphie chinoise ensemble! Des adultes, 30-50 ans en moyenne, hommes, femmes. Tout le monde danse avec tout le monde! Des petits groupes de musique rassemblent autour d`eux des centaines de personnes attentives, qui chantent! qui dansent! C`est la fete! Je pensais que c`etait jour de festival mais non! Pas du tout! C`est juste la chine et ses merveilles! Quand les gens ne bossent pas ardument, ils s`eclatent! Beaucoup d`autres, dans ce meme parc, jouent aux badminton avec un bambou en guise de filet... D`autres jouent de la musique (instruments traditionneles a cordes), d`autres se font masser, voir meme "pedicurer"!, quelques vieux font voler leur cerf-volant chinois a plusieurs centaines de metres de haut... C`est la fete dans tous les coins du parc!!! C`est genial!
Etant a cote du plus grand bouddha assis du monde, j`ai fait un petit detour pour le saluer humblement... Il est impressionnant le bonhomme! Un petit 70m de haut... Il doit chausser un bon 2027! Je suis maintenant a Emei shan, au pied d`une montagne sacre qui culmine a 3090m d`altitude. Demain matin, je pars a sa quete... Sur... des MARCHES! Tous les sites naturelles chinois sont amenages avec des marches... Il y en aurait 60000 pour atteindre le sommet! Je vais voir ca...
Un truc qui me saute de plus en plus aux yeux, ce sont les couleurs de ce pays: C`est reelement le pays du gris, du vert et du rouge... Le gris du ciel et des murs de toutes les villes, le vert des vallees, montagnes, arbres, herbes et du the, bien sur!; et finallement, le rouge des chinoiseries... Les lampions, les vetements, les decors, les temples, ... Avec 1000 et 1 nuances pour chaque couleurs... C`est tres particulier mais c`est bien reel! Pour mes yeux... aux aguets...
Emei shan parait etre pleine de reves... et sa faune et sa flore semble etre fournie! Singes, pandas... La jungle a la chinoise! Youhou!
Paulin (:

19/11/2008

A cheval sur le manteau blanc... quelques images.

Pepere, ou M. Przewalski, et moi !


Une selle mongole, c`est ca! Plus confortable qu`a cru, et moins confortable qu`un canape!


C`est pepere... Pepere quoi! Parceque quand il veut, il galoppe le pepere... Et je le remercie pour cette experience du galop! Histoire de base: je n`avais jamais plus galoppe depuis une vieille petite chute de gamin (un cheval appeure etait parti au galop). Alors Pepere m`a bien fait plaisir avec son galop dans les steppes enneigees!!!



Photo du "haut" de pepere... mon petit cheval de Przewalski... En direction de... Ce qui nous plait!

05/11/2008

3eme etape mongole: TARIAT, loin et perdu… mais touristique… l`ete!

On reprend la route en stop depuis la sortie de tsetserleg, sur le “peage” de l`autoroute (10 km de bitume qui s`ouvre ensuite sur des pistes toutes plus defoncees les unes que les autres…). Un 1er mini-va 4*4 russe “UCPA” nous fait parcourir une 20aine de kilometres jusqu`au 1er village. Puis on recroise, au milieu de ce village perdu les neo-zelandais que j`avais rencontre dans le wagon 11, qui rentrent de leur trek organise… Les guides qui les accompagnent leur permet une petite pause… Cette ambiance de tour organise ne nous attire decidement pas du tout! Le bus est etiquette “turist” avec le nom de l`agence a cote… Ils reviennent du lac blanc, l`endroit ou on tente desesperemment de se rendre… Les kiwis nous informent que c`est a environ 3h30 de route (pour 170km). Quelques heures plus tard, apres avoir laisse passe quelques mini-vans et poids lourds sur-charges, on trouve notre chauffeur: THE trucker de mongolie qui roule dans son enorme poids lourd soviet kaki a 2 remorques sur-chargees avec 2 compgons de route… Ambiance ambiance… Ils viennent d`ulanbaatar et passent par Tariat (village pres du lac blanc) avant de continuer la route vers d`autres contrees de la mongolie de l`ouest… Ils paraissent sympas, des bonnes brutes de la route qui avalent les kilometres avec leur gros engins! Le gazole fait avancer la bete et la vodka fait vivre le chauffeur!!! Tres vite, on se rend compte qu`ils sont completement bourres! Ils tournent aux 3 ou 4 litres de vodka par jour et par personnes minimum! Une vieille habitude… En plus c`est la vodka a 3 dollars… Celle que l`on peut utiliser pour desinfecter une plaie de yak, c`est clair! Bref, je monte sur le tas de marchandises pour ficeler nos sac a dos et en route pour l`avanture! Et quelle avanture… Ce n`est pas 3h30 qu`il nous faudra pour rejoindre Tariat, c`est 9h! de piste en piste, metres par metres, on avance dans le froid des steppes… Avec la vodka pour chauffage… On est 5 dans la cabine miniature et que des marmules! Du folklo! Notre presence les incite a un peu plus de tenue: au lieu de boire a la bouteille, le chauffeur arrache le cendrier du tableau de bord metallique, vide les cendres par la fenetre et le remplir de vodka! Les premieres gorgees seront cendrees… Finallement 2 min plus tard, la vieille technique “a la bouteille” reprend le dessus! On s`arrete pour un oui pour un non: pisser, finir le fond de la vodka avant de la laisser sur le bord de la route ou pres d`un ovoo; reparer la cremaillere de la remorque, nettoyer le filtre a air, remettre de la flotte dans le moteur, manger une soupe dans une ger (nos fameuses “aires de routiers” a la mongole)… Un des gars se prend un revers saignant par le chauffeur pas content! Quand le chauffeur ne geule pas sur son pote, il chantonne fortement des chants mongoles… Finallement, vers 0h30, on debarque dans le froid nocturne de TARIAT. Petite echoppe de routiers. On mange et je dois payer ma bouteille… Rituel oblige! Si je refuse (ce que je tente) je me prends une botte de cuir dans la face! J`accepte et on reetrinque… Chants, détente, vodka et puis vodska… Une planche et des tapis servent de lit a tout ce beau monde… Le convoi est forme de 2 camions avec 6 bonhommes et nous 2, les petits blancs! Ils decident de rester la pour la nuit (la nuit + le repas = 4 euros). Mathias et moi s`endormons les 1ers, dans le brouhaha des chants mongols gras et bourres… Ils repartent le lendemain matin apres avoir descendu 2 nouvelles bouteilles de vodka! Ils ont l`air tout frais! Ils tiennent bon l`alcool!
On respire un peu plus et on s`entend enfin parler… On va voir ce petit village. Depuis le depart d`ulanbaatar, nous sommes les uniques blancs a trainer dans les campagnes mongoles… Octobre, ce n`est pas la periode touristique pour la mongolie. Tous les touristes que nous avons croises a Ulanbaatar sont de transits sur la ligne du transsiberien et soit ne s`avanturent pas dans les campagnes, soit partent en tour organise. A Tariat, encore une fois, nous sommes reperes en 5min et tous les habitants du village savent que nous somes la! Toujours souriants et chaleureux (contrairement a Ulanbaatar).
On trouve une ger touristique pour quelques togrogs et on y passe la nuit. Une ger de touriste, c`est 6 lits et le poele central! Pas tres chaleureux mais bon… Le lendemain matin, baton a la main, on prend la direction du volcan et du lac. Des la sortie du village, un ranger nous tend un papier: entrée du national park, 3000 T (2.5 euros). On paye meme si la difference entre un national park et le reste de la nature mongole est insignifiante! Le volcan est sympa, petit mais costaud, comme les chevaux! On traverse le mordor du parc dans les roches volcaniques avant de retrouver le lac blanc…Blanc! Et gelee en partie. De nombreux cercles betonnes sont rassembles dans la vallee: les traces des gers des camps touristique d`ete! Plus que quelques gers persisitent et demeurent ici. Un homme vient a notre rencontre et nous propose diectement: “rent horses?”. On avait effectivement de reproduire l`experience du trek a cheval autour du lac… Il est sympa, on se laisse aller. Les prix qu`ils nous proposent sont raisonnables. Nous sommes les seuls blancs du parc a cette periode! L`endroit est, evidemment, splendide, magique, magnifique… Mais cette atmosphere touristique nous derange un peu. On devient un peu difficile… Et en effet, cette sensation se precise le lendemain matin quand on grimpe sur notre cheval respectif. Ce sont des chevaux de touristes, pas de nomades! Ils sont eduques a marcher et doucement… IMPOSSIBLE de les faire galoper… Et le guide (obligatoire, contrairement a la vallee des nomades pres de tsetserleg) les pousse aux fesses! Une tempete de neige s`abat sur nous, il fait froid et mes genous commencent a congeler… Tant mieux, on decide de revenir et de barouder a pied, librement et sans payer pour des canassons touristiques!!!! 10km aller, en longeant le lac, suffiront a nous peindre du manteau blanc sur un flanc de nos corps! Robocop: moitie humain, moitie yeti! Le retour nous terminera le manteau…
Paulin.

2eme etape mongole: Tsetserleg, la suisse mongole!

23 octobre 2008… Birthday party dans a Karakorin avec de la Ginghis (la meilleure vodka locale) les potosses, du sauciflard et du fromage local! Une photo polaroid marque le coup! Un quart de siecle en monglie… moment simple et sympa, comme je les aime! Apres avoir passer quelques temps dans les bourgades mongoles a visiter les temples et a avaler quelques kilometres en mini-bus locaux, on rejoint Tsetserleg. On se laisse surprendre par la presence des arbres… Des forets, des montagnes… Comme le dit le Lonely planet de Mathias, Arkhangai (region de tsetserleg), c`est la suisse mongole! Et on la decouvre sous la neige…
Je rencontre Aine, un couchsurfer, qui nous conseillera pour trouver des chevaux. On part a pied dans une large vallee et des le 1er camion, onb fait du stop. Monko, un jeune mongol etudiant a Ankara qui parle parfaitement anglais (rare en mongolie!) nous accepte sur le plateau du camion. 5 min plus tard, on se retrouve a pied avec lui et quelques membres de sa famille, le camion est en panne (grosse fuite d`eau). Il nous explique qu`il est revenu d`urgence de Turquie pour les funerailles de son frere, decede 2 semaines avant dans un accident de travail. Il allait chercher du bois et un arbre lui est tombe dessus… Il nous invite humblement a cette marche funebre vers la tombe de son frere. On accepte tout aussi humblement! Le cimetiere est au milieu de la vallee, en pleine nature… La ou les ames reposent en paix!
On sympathise rapidement avec Monko qui comprend notre volonte de rencontrer les peuples nomades. Le soir meme, on sera accueilli dans un campement nomade ou sa soeur vit avec sa petite famille. La petite ger d`hiver (plus petite donc plus facile a chauffer) nous accueilliera… “bienvenu ici, restez le temps que vous voudrez!” La vallee est splendide, encore une fois…





Entouree de forets et de collines. 5 familles s`entraident dans ce campement nomade. Un des voisins acceptera notre demande de location de chevaux. C`est sa premiere experience de location! Il ne connait pas les prix et nous demande notre niveau d`equitation… On tente d`etre le plus pret possible des realites economiques mongoles, surtout pas trop cher mais pas gratos non plus (le monsieur ne laisse pas ses chevaux a des etrangers comme ca!). Et hop! En selle… mongole la selle… Ouille aie aie! C`est de la bonne selle bien roots… vieilles sangles, selle en bois relevee autant a l`avant qu`a l`arriere… On s`y fait vite mais les cuisses et les fesses s`en rappellent encore! Quel bonheur de cavaller a travers la steppe blanche! Je me suis remis au galop! Quel pied! Sensation de liberte extreme… Pas de terrain delimite, je vais ou je vais avec “pepere”, mon compagnon canasson! Le cheval mongol est petit mais costaud! 2 jours de trek a cheval autour du campement. Un nouveau petit paradis sur cette planete…



Paulin.

1er etape mongole: Arvaikheer.






































































Dur dur de passer outre le nombre impressionnants d`agences de voyage, de treks a gogo… qui grouillent et se battent dans tous les coins du centre ville d`Ulanbaatar! Mais, dans le wagon 11, j`ai rencontre pere Damien, un parisien plein d`energie et puis des notre arivee, on s`est motive avec quelques autres francophones a partir dans la campagne mongole ensemble, sans agences… Je rejoindrais le nouveau groupe de potes de voyage un jour apres, le 18 octobre, le temps de finir quelques demarches administratives pour le visa chinois. J`ai vite regrette mon depart decale… Ce jour la, j`ai recu quelques coups de poing dans la gueule! Et oui, un monsieur venere (mi russe mi mongole) un peu alcoolise a la vodka locale m`a litteramaent defonce la gueule… Histoire compliquee basee sur un quiproquo tres bete… Mais l`histoire s`est terminee autour d`une nouvelle bouteille de vodka qu`il m`a offert en guise d`excuses!!! La geule, le genou et le pied en vrac, le t-shirt tachete de sang, on a trinque! Aujourdh`hui, l`oeil au beurre violet a disparu et tout baigne! Bref… Je quitte la capitale le 18 octobre, en bus local, avec quelques stigmates de baston. Je suis le seul blanc dans le bus. 370km pour 8h de trajet sur les pistes (route principale sur la carte) aux grosses vagues. Sur la route, entre 2 sommeils reparateurs, une vision d`epinal: une ger (“yourt” en mongole) au loin, dans une belle vallee aride entouree de montagnes, un troupeau de chevaux, des chameaux, des yaks, un cavalier au galop… Toute cette vie dans cette immensite… Un reve reel! Quelques longues heures plus tard, arrivee a Arvaikher, petite bourgade tranquille du sud de la mongolie ou les gens sourient et nous accueillent chaleureusement. Le lendemain matin, sous le ciel bleu et froid, carte et boussole en main, on tente de voir les differentes possibilites de tracage dans la pampa. Les mini-van et autres side-cars demandent trop de togrog (monnaie locale) pour quelques kilometres… On decide de partir a pied, les miens me titillent depuis la vue des steppes!. Rapidement, le groupe se separe en fonction du niveau de marche et des differentes motivations… Sebi le photographe va chercher un camp de nomade pour effectuer son reportage photo; Laurence la belge, va visiter les temples boudhistes et finira par rencontrer une chamane qui la guidera dans de nouvelles experiences mystiques, Damien le parisien tracera un peu avec nous avant de poursuivre sa route vers la chine et Mathias et moi suivons la boussole de nos desirs, en meditant par l`experience de la longue marche de steppes…
Les premieres vallees arides nous eblouissent de bonheur! On se sent en Mongolie, on y est et bien! Je me mefie des premiers troupeaux de yaks rencontres in to the wild, puis on en recroise par centaines! Les faucons, aigles, rapaces, charognards nous montrent le chemin de la steppe… Entre les cadavres de yaks et les pattes de chameaux, on marche dans une nature a la fois hostile, sauvage et paisible. Les troupeaux de yaks cohabitent avec les troupeaux de chevaux, de brebis et de chevres… Ils sont des centaines, eparpilles ci et la, dans la steppe, a paitre ou a boire les rivieres qui se glacent a l`approche de l`hiver. Les premieres Ger des nomades nous ouvrent leur monde interieur. La steppe est froide mais l`ouverture d`une porte suffit a sentir la chaleur humaine qui regne dans chaque ger, dans chaque corp nomade.
Je ne savais pas vraiment quel type de nomadisme j`allais rencontre en Mongolie, en 2008, sur une planete au marche trop ouvert, aux habitants souvent trop corrompus par une atmosphere capitaliste qui les mene parfois sans raisons aux abords des grandes villes… A la recherche d`un monde meilleur… L`exemple d`Ulanbaatar est assez effrayant: Les gers sont aux abords des villes… par milliers… Les nomades se sedentarisent… a la quete du “papier de valeur” parfois innaccessible… Ils quittent leur vallee adoree pour retrouver des plaines peuplees de buildings ou l`atmosphere pue. D`une dure vie de nomade, il passe a une dure vie de sedentaire citadin… D`une nature hostile avec laquelle ils cohabitaient, tant bien que mal, ils rejoignent un zoo violent indomptable ou l`argent est le maitre, le maitre-mot. Ils ont deplace leur ger traditionnel dans la ville, a la recherche d`un monde meilleur. Je ne vois pas de monde meilleur a Ulanbaatar! Ils errent dans la ville, habilles de leur plus beau costume traditionnel. J`ai l`impression que leur visage s`attriste et que leurs yeux recherchent desesperement la steppe qu`ils ont quitte a contre-coeur.
Bien sur la plupart des habitants d`ulanbaatar sont de simples citoyens travailleurs, vetus de jeans et de costards, attache-case a la main aux pas rapides… Celui qui sait ou il va. Comparable a un citoyen moscvard, parisien, ou new-yorkais, qui s`est adapte au mode capitaliste et qui sait comment marcher en ville… Mais une grande minorite d`anciens nomades errent dans cette capitale, s`eloignant de leurs propres valeures.
Malgre tout, la mongolie des nomades semble avoir encore de belles annees devant elle et le nomadisme existe et demeure! Dans la steppe, une riviere nous fait obstacle… Un cavalier qui passait par la au meme moment nous fait traverser la riviere sur son cheval. On lui offre 1 kilo de riz qu`il accepte de maniere traditionnelle: manche longue retablit, bras droit tendu soutenu par la main gauche sous le coude, on lui offre le riz. A l`approche du petit campement de ger, des enfants s`activent, entrent et sortent de la ger comme des chats, tout excite d`une presence etrangere… Tout le monde nous sourit et la femme de la ger nous offre du fromage frais, des biscuits et de l`airag (lait de jument fermentee, boisson fraiche locale, un peu alcoolisee).
Les experiences nomades se succedent au fil des vallees arides… On ne croisera pas un arbre en 3 jours! On passe la nuit dans une ger chaleureuse qui nous confectionne une bonne soupe mongole (eau, beurre de yak, viande de chevre, pate maison) et nous offre le tse (eau, lait, the, sel, beurre). Le lendemain, le temps se couvre, le vent du nord souffle un froid terrible et les flocons commencent a tombee. Au fur et a mesure de notre progression pedestre, le manteau de neige s`epaissit jusqu`a blanchir toute la nature qui nous environne! On passe la journee a marcher a contre-vent, on apercoit des cercles de 6m de diametres au sol: des ger qui ont bouge vers les vallees, un peu plus bas, pour le camp d`automne! Finallament les rapaces et la boussole nous conduisent vers une vallee encore plus belle… Fraichement vetu de son nouveau manteau blanc! Un oovo (pyramide de pierres. Y deposer des pierres en y faisant 3 fois le tour pour venerer les ancetres et se proteger des mauvaises experiences. Entre chamanisme et tradition nomade) et un troupeau de yaks laisse enfin presager la presence d`etres humains dans la vallee. En effet, trois ger et quelques enclos apparaissent en contre-bas d`une collione. Ce sera notre nouveau refuge pour la nuit. La temperature est automnale: -15 environ. L`hiver doit etre rude ici! Une famille de nomade nous accueille chaleureusement dans leur ger de mariage de 20 ans d`age (on sera accuilli plus tard dans une ger d`une centaine d`annees… Cet habitat traditionnel est plutot resistant!!!) puis nous suivons leurs activites agricoles: aller chercher les troupeaux (100 chevaux, 70 yaks et 500 chevres) a cheval, evidemment! Traire les juments, yaks et chevres (travail de la femme, uniquement), recuperer des bouses de yaks pour le feu, preparer l`airag, le tse et la soupe du soir, couvrir les enclos de peaux de bete et de vieux tapis pour proteger du vent du nord, trop froid, et finallement raccompagner les chevaux dans sur l`autre versant de la vallee, protegee du vent, avant de rentrer au chaud, pres du poele central de la ger. Dans la ger, la porte se situe vers le nord; le tse est toujours pose en direction de l`armoire sacre ou trone un petit bouddha, quelques petits rouleaux a prieres et des icones bouddhistes; on ne doit pas s`appuyer aux poteaux centraux, on ne doit pas jeter de dechets ni de papier dans le feu, sacre, et on doit toujours s`allonger les pieds vers la porte. On se fait tres vite a ces petites regles traditionnelles. Le lendemain matin, dur dur de sortir du sac de couchage, ca meule grave! Encore une fois c`est la femme qui allume le 1er feu et prepare la soupe du matin. Les travaux sont bien separes: l`homme s`occupe des troupeaux et des travaux manuels (bricole la moto ou reparer la charette, aller chercher le bois…), la femme cuisine, trait les animaux et prend soin de la ger. Apres une bonne soupe et quelques bols de tse, on repart vers Xujirt, prochaine etape, a environ 30 km de la. Rapidement on se rend compte qu`on a oublie nos batons de marche… Demi-tour. Disparus! Je me souviens la veille avoir plante une croix formee de 2 batons qui allait servir d`epouvantail, pour effrayer les loups et les eloigner des troupeaux. Une vieille veste posee sur la coix, au centre des troupeaux. Ce sont nos batons! Amuses, le pere nomade nous coupe une longue branche en 2 et nous repartons avec de nouveaux batons de marche! Sur le depart, nous avons la mauvaise idee de caresser brievement les 2 chiens du campement… Erreure! Ils nous suivront toute la journee… Pas l`habitude de recevoir de la sympathie de la part des humains, ils nous ont adoptes quasi immediatemment! Ce sera seulement a l`approche du village, a une 20ain de kilometres du camp, que le jeune nomade nous rejoindra en moto pour recuperer ses chiens. Oblige de l`attacher sous les pattes (pas de collier dans le pays de la liberte!) et de le trainer sur la neige, a moto, pour attirer le 2eme qui voulait definitivement rester avec nous! Moment triste… On s`efforcera de ne pas reproduire ce genre d`erreures!!!
Les villes mongoles, outre Ulanbaatar qui reste une capitale, sont de petites bourgades tranquilles de 10 a 20000 habitants ou l`on compte les batiments de plus d`un etage sur les doigtd de la main! Pas de bitume, pas d`immeubles, peu de lampadaires… Les familles ont chacunes un terrain d`environ 200 m2 entouree de palissade en bois. A l`interieur, une ger, un toilette au fond (petit abri en bois avec un grand trou), et parfois une petite maisonnette en dur. Les enfants vont chercher l`eau dans la riviere avec des bidons portes par un diable. Nous avons ete accueillis dans ces ger de “ville” quelquefois. La ger 2008 est assez surprenante! Elles sont toutes bien equipees et super organisees: TV, DVD, petit lavabo, parfois machine a laver et gaziniere, parfois PC. Une vraie petite maison ronde! Toujours le poele central et l`armoire sacre. En 4 jours, on aura parcourus environ 100km a pied, effectuant de nombreux arrets dans les camps nomades… L`itineraire: Arvaikher- uyunga- zumbayan ulan- Xujirt. Experience inoubliable.

Paulin.