13/08/2013

Sa mer l'Ouzbekistan...




Interlude visuelle. Tashkent, aout 2013, parc Navoy, "sensations fortes en manege sovietique"...










Yo!

Ouzbekistan, on y est...
Et ca donne... PIPIDUKU, pour etre poli!





































Isma, je te dois 153 dollars et un taquet!





Ben ouais, l'Ouzbekistan cultive le cotton a foison (culture necessitant beaucoup d'eau) alors que la pluie y est tres rare!
L'assechement de la mer d'Aral, tout un programme politique, minutieusement cree par les sovietiques, que les ouzbeks continuent a faire vivre:

- reseau d irrigation impressionnants, comportant de nombreuses buses qui se jettent... dans le champ du coin, en plein desert! Une aubaine pour laver sa Lada!
- programme de "mouillage" de terasses, balcons, routes, chemins, jardins, ... que tout bon citoyens s'attelent a realiser quotidiennement.
- maintien d'une production impressionnante de cotton, destinee a l'export, et a la fabrication d'huile (autrement nommee "huile a chiasse" par les visiteurs)...
- et puis voila quoi! Du coup, les 2 fleuves principaus du pays ont de plus en plus de mal a terminer leur chemin vers la mer d'Aral, et l'un d'eux se jette desormais dans... le desert... en disparaissant dans le sable avant de pouvoir atteindre sa mer!


Nous avons termine notre road trip Ouzbek avec notre ami Isma, dans la bourgade de Mouynak, une des 80 villes presentes dans le fameux "guide des destinations a eviter"...
Mouynak, en une generation, a perdue sa mer... Voila ce qu'en dit Wikipedia...




Histoire

Moynaq est un ancien port du sud de la mer d'Aral, anciennement doté d'une économie active liée à la pêche et à la mise en conserve. Suivant les ordres de Lénine, les pêcheurs de Moynaq jouèrent un grand rôle dans la lutte contre la famine russe de 1921-1922.
Aujourd'hui, Moynaq est l'un des témoins de la catastrophe environnementale que subit la région en raison du retrait de la mer d'Aral, qui se trouve à quelque 35 km (aujourd'hui, en 2013, c'est plutot 135km!!!) au nord et n'est plus visible à l'horizon depuis l'ancien port. Un « cimetière de bateaux », comprenant une dizaine de carcasses rouillées, et un petit musée attestent de l'ampleur de la catastrophe actuelle et de la richesse passée.






 




 





 









 
























 














Ca fait rever, hein!?
Bref, comme le dit Isma, le philosophe: "Niktamer! Une expression depassee. Ici, a Moynak,c'est deja fait!"...


 










Pour arriver a Moynak, il faut traverser des grandes zones desertiques... De longues heures de transport, dans le neant sableux de la Karakalpakie, seule region autonome d'ouzbekistan!
Une fois sur place, des vieux pecheurs errants, bourres, te font un accueil particulier... Puis nous sommes alles au seul hotel de la ville: en 1970, vue sur la mer d'Aral, et sur le plus grand port de peche du pays, avec sa conserverie, sa criee, ... en 2013, vue sur des debris de maisons, des decharges publiques, une capitainerie abandonne et un immense desert a perte de vue... C'est plutot hallucinant et depitant...
L'hotel est pourri, mais l'ambiance nous plait! Du rien, sans deco, avec un chiotte vite fait pour tout l'hotel, et une douche toute rouillee a l'exterieur, dans la cour... Les couloirs sont bancals, fissures, les lits sont de type "standard sovietique" avec ressorts integres, les portes ne ferment pas toutes, et les chats sont paraplegiques....



















 "douche" en russe...





 

 Nouvelle generation de Moynaq. Tout, sauf pecheurs!


 











La nourriture est... basique... et les proprietaires se confondent parfaitement dans le decor inexistant! Marcel blanc degueulasse pour monsieur et poil aux pattes, chaussettes, claquettes, blouse violasse pour madame. C'est parfait!
Le lendemin de notre arrivee au bout du monde ouzbek, on decide de pousser encore un peu plus loin l'enquete de la mer d'Aral, et on negocie un WAZ (la jeep russe) et son chauffeur pour partir a la conquete de l'eau...
C'est donc avec Volodia, la 60aine tasse, ancien pilote de biplan de l'armee sovietique (mission d'espionnage aerien), et habitant de Moynak, que nous partons vers ce qu'il reste de la mer d'Aral! Il parle russe, s'habille en kaki et porte le pendentif de la croix horthodoxe. Apres 3h30 de route pour environ 120 km de desert, on voit l'eau... On est bien d'accord, ces 120km, il y a quelques annees, c'etait bien la mer d'Aral! On roule sous 7, puis 30m d'anciens fonds marins ou la peche abondait! C'est magnifiquement triste.
Ce qu'il reste de la mer nous apparait. A vu d'oeil, ca reste immense... sans fin... Nous sommes en plein desert de sable et de sel, et voila l'Aral sous nos yeux ebahis. C'est tres beau, tres calme, dans un neant etonnant. L'eau est limpide, bleue.
 
On s'arrete dans un ancien petit campement pour prendre quelques bout de bois en prevision d'un feu de camp, ainsi que quelques planches pourris d'agglo pour se proteger du vent, virulent et permanent a ce jour...
On reprend la route quelques minutes pour finallement se poser pres d'un totem maison fait de 2 bouts de bois et 3 bouteilles de Vodka... On comprend que c'est le repere ARAL de Volodia! On y est. On s'installe le long du WAZ pour se proteger du vent,  on sort les tapis et on casse la croute. La premiere bouteille de vodka et celle de biere tombe en un rien de temps! Apres une courte pause, on part tous a l'eau... Meme Isma, pourtant retissant a la baignade avant notre arrivee, puisqu'il nous a appris sur la route que l'ancienne ile d'Aral servait de stockage des dechets les plus toxiques au monde pendant la periode sovietique... Nottament l'Antrax. Mais le temps et la secheresse de la mer ayant fait le reste, l'eau parait limpide et Volodia nous invite tous a la baignade, on y va!

Le taux de salinite est devenu hyper important, (environ 120g par litre!!!!) du a la secheresse de la mer, du coup, on se croirait sur la mer morte! On flotte! Malgre le vent et les vagues, je peux, sans efforts, sortir mains, pieds et bedaine en meme temps sans aucun probleme! C'est hyper sale! Et plutot rigolo comme experience... (Les catastrophes ecologiques, ca a du bon!!!).
Une fois seche, on fait tomber la 2eme bouteille de vodka et la 3eme ne tardera pas a disparaitre aussi... Le totem de Volodia s'ettoffe un peu!
Volodia nous dit tristement ne pas comprendre pourquoi sa mer s'est retiree "Nie Znaiou!" en russe... Comme la plupart des ouzbeks au courant de cet assechement, il nous explique que c'est la faute des tadjiks et des kirghizes, qui pomperaient toute l'eau de leurs fleuves avant de passer la frontiere ouzbek!!!! Mais oui! Bien sur Volodia! C'est ca! Les tadjiks et les kirghizes sont les mechants! Et le cotton? Si peu... On est en plein delire national!
Fait-on mieux avec nos champs de mais?! Je n'en suis pas sur... Mais ca se voit moins et surtout, on en parle moins... VOIR "POUR QUELQUES GRAINS D'OR" de David Briffaud, pour les plus curieux... Bref, je passe,... Je ne vais pas non plus relancer le discours sur nos bonnes vieilles centrales nucleaires qui vivent du bon temps pendant que les mongols rachetent les dechets pour les enfouir dans leur jolies steppes... Buisness is buisness... Enfin! Et puis Fukushima qui deversse, officiellement, 300 tonnes d'eau mortellement hyradiee dans nos jolis oceans connectes!? Non, j'en parle pas non plus... Puisque tout le monde le sait deja... Bref, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil, surtout Gerard Depardieu et  Gulnara Karimova (la fille pas corrompue du tout du dictat... Heu, pardon! du president ouzbek) qui chantent si bien ensemble! voir ici: www.youtube.com/watch?v=N7GM2JGTswc
Je reviens donc a l'essentiel, Aral! On avait prevu d'y passer la nuit, mais sans vodka et avec ce vent, Volodia nous fait comprendre, avec le tact d'un soviet, qu'il est inutile de rester ici plus longtemps, "Qu'est ce qu'on va foutre?"! On decampe, bourre! Sur le chemin du retour, on croise un vehicule! Le premier... C'est une volvo break V70, pleine de boue... En plein desert... 2 jeunes allemands sortent de la voiture... Ils voyagent... Heureusement qu on les croise ici pour les arreter la, sinon, ils allaient s'engoufrer dans une descente boueuse interminabel et ils n auraient pas pu remonter... Volvo, c'est de la bonne caisse, mais quand meme! Volodia leur demande d'ou ils viennent. Allemagne. Avec le meme tact sovietique legendaire, Volodia leur fait un petit salut Hitlerien, "histoire de deconner un peu quoi"! Les allemands repondent gentiment que chez eux, cette blague est plutot de mauvais gout... Volodia n'est pas a ca pres, et enchaine en leur demandant si ils ont ramene du Schnaps!!! Puisque ce n'etait pas le cas, on remonte en voiture, et on s'ecroule pour une longue sieste au soleil couchant pendant que Volodia, imperturbale, enchaine les kilometres de pistes defoncees jusqu'a l'Hotel de luxe de Moyank...
Le lendemain, on a compris que Volodia nous a tous seche, le bougre! Et on met du temps a s'en remettre...
L'experience aura ete quand meme plutot unique et drole, on ne regrette vraiment pas cette excursion du desespoir!







Petite information, visible a la sortie de Moynaq, pres du cimetiere des bateaux...










VOLODIA, notre guide et chauffeur...















 La voiture a besoin de carburant, mais le chauffeur aussi!...











Le totem...















































 Finallement, du carburant pour tous!


















Resultat de quelques goulailles de carburant + une baignade a l'Anthrax =









































































































Bye bye ARAL, the rest of the sea...












Pour le reste du pays:

Les villes de Boukara et Kiva sont splendides! Les fortifications, minarets, madrasa (anciennes ecoles coraniques), et tout l'art timouride (datant du 12-13 eme siecle) sont tous aussi splendides et parfaits les uns des autres... Ces villes sont de reels musees a ciel ouvert! Les sovietiques ont proteges et restaures tout ce patrimoine, ce qui en fait des chefs d'oeuvres hyper conserves! Par contre, les musees interieurs, ceux que l'on peut visiter dans les vieilles villes, sont, pour la plupart, des sketchs a eux seuls! Aucune coherance, sans explication, souvent tres moches et absurdes, c'est assez delirants! Se promener dans les ruelles des villes restent encore la meilleure option pour decouvrir le coin...
La contre partie de toute cette beaute, c'est evidemment que tout est organise autour du tourisme et de son buisness inherant! Pas toujours agreable, bien sur, mais ca fait parti du jeu de voyage, parfois!






BUKHARA:
















































Tchor Minor, petite mosquee mignonne.




























Les fameux chachlik!








Les casques mousses des tanks sovietiques!

















KHIVA:













minaret Islam Khodja, mon prefere il est splendide!





Kalta minor ou minaret court, il mesure tout de meme 29m et si il avait ete acheve il aurait atteint 70m.










ce soir je fais du plov ou des chacliks?!



Vue d Ichan kala depuis le beau minaret d Islam Khodja


Mais ou est Charlisma?




Rempart en pise de Khiva.
















Citadelles du desert, autour de Khiva:






Le fameux coton... Desastreusement joli, malgre tout!

































kyzyl kala.















ayaz kala










Nous sommes actuellement a Tashkent, ou nous attendons vendredi pour aller des la premiere heure a l'ambassade du Tadjikistan afin de recuperer nos visas... Des que possible nous filerons dans les belles vallees de Fan, et du haut pamir pour decouvrir ce joli pays et son peuple, un des plus pauvres (economiquement parlant) de l'Asie centrale.



Nous ne desirons pas rester plus longtemps en Ouzbekistan pour plusieurs raisons:
- le cote administrativement chiant! Il faut savoir que des registrations quotidiennes sont necessaires pour sejourner ici, et les controles de police sont tres frequents. La petite corruption est omnipresente!
- les relations avec les locaux tournent souvent autour de l'appat du dollar... Et c'est parfois usant. Je precise que ce n'est pas a chaque rencontre, mais presque!

 1 euro, ca fait 3500 soum... On est facilement millionaire en Ouzbekistan... Sachant que seuls les billets de 1000 circulent sur le marche!

- la bouffe, c'est pas la France! (desole pour le chauvinisme...) et leur huile de cotton, on en peut plus!!!
- l'impression qu'il n'y a plus rien a faire apres notre periple dans les cites principales et la mer d'Aral.
- Aussi la simple envie de retrouver un peu de liberte dans les montagnes et les campagnes tadjiks...


Voila. La route continue, toujours aussi surprenante, et cette session Ouzbek aura ete pleine de bons delires partages avec ce bon vieu Isma. Il ne manquait plus que la nes 64 et mario kart pour retourner 12 ans en arriere...

Merci pour vos chti messages, c'est toujours cool a lire!

Paulin :)