05/11/2008

1er etape mongole: Arvaikheer.






































































Dur dur de passer outre le nombre impressionnants d`agences de voyage, de treks a gogo… qui grouillent et se battent dans tous les coins du centre ville d`Ulanbaatar! Mais, dans le wagon 11, j`ai rencontre pere Damien, un parisien plein d`energie et puis des notre arivee, on s`est motive avec quelques autres francophones a partir dans la campagne mongole ensemble, sans agences… Je rejoindrais le nouveau groupe de potes de voyage un jour apres, le 18 octobre, le temps de finir quelques demarches administratives pour le visa chinois. J`ai vite regrette mon depart decale… Ce jour la, j`ai recu quelques coups de poing dans la gueule! Et oui, un monsieur venere (mi russe mi mongole) un peu alcoolise a la vodka locale m`a litteramaent defonce la gueule… Histoire compliquee basee sur un quiproquo tres bete… Mais l`histoire s`est terminee autour d`une nouvelle bouteille de vodka qu`il m`a offert en guise d`excuses!!! La geule, le genou et le pied en vrac, le t-shirt tachete de sang, on a trinque! Aujourdh`hui, l`oeil au beurre violet a disparu et tout baigne! Bref… Je quitte la capitale le 18 octobre, en bus local, avec quelques stigmates de baston. Je suis le seul blanc dans le bus. 370km pour 8h de trajet sur les pistes (route principale sur la carte) aux grosses vagues. Sur la route, entre 2 sommeils reparateurs, une vision d`epinal: une ger (“yourt” en mongole) au loin, dans une belle vallee aride entouree de montagnes, un troupeau de chevaux, des chameaux, des yaks, un cavalier au galop… Toute cette vie dans cette immensite… Un reve reel! Quelques longues heures plus tard, arrivee a Arvaikher, petite bourgade tranquille du sud de la mongolie ou les gens sourient et nous accueillent chaleureusement. Le lendemain matin, sous le ciel bleu et froid, carte et boussole en main, on tente de voir les differentes possibilites de tracage dans la pampa. Les mini-van et autres side-cars demandent trop de togrog (monnaie locale) pour quelques kilometres… On decide de partir a pied, les miens me titillent depuis la vue des steppes!. Rapidement, le groupe se separe en fonction du niveau de marche et des differentes motivations… Sebi le photographe va chercher un camp de nomade pour effectuer son reportage photo; Laurence la belge, va visiter les temples boudhistes et finira par rencontrer une chamane qui la guidera dans de nouvelles experiences mystiques, Damien le parisien tracera un peu avec nous avant de poursuivre sa route vers la chine et Mathias et moi suivons la boussole de nos desirs, en meditant par l`experience de la longue marche de steppes…
Les premieres vallees arides nous eblouissent de bonheur! On se sent en Mongolie, on y est et bien! Je me mefie des premiers troupeaux de yaks rencontres in to the wild, puis on en recroise par centaines! Les faucons, aigles, rapaces, charognards nous montrent le chemin de la steppe… Entre les cadavres de yaks et les pattes de chameaux, on marche dans une nature a la fois hostile, sauvage et paisible. Les troupeaux de yaks cohabitent avec les troupeaux de chevaux, de brebis et de chevres… Ils sont des centaines, eparpilles ci et la, dans la steppe, a paitre ou a boire les rivieres qui se glacent a l`approche de l`hiver. Les premieres Ger des nomades nous ouvrent leur monde interieur. La steppe est froide mais l`ouverture d`une porte suffit a sentir la chaleur humaine qui regne dans chaque ger, dans chaque corp nomade.
Je ne savais pas vraiment quel type de nomadisme j`allais rencontre en Mongolie, en 2008, sur une planete au marche trop ouvert, aux habitants souvent trop corrompus par une atmosphere capitaliste qui les mene parfois sans raisons aux abords des grandes villes… A la recherche d`un monde meilleur… L`exemple d`Ulanbaatar est assez effrayant: Les gers sont aux abords des villes… par milliers… Les nomades se sedentarisent… a la quete du “papier de valeur” parfois innaccessible… Ils quittent leur vallee adoree pour retrouver des plaines peuplees de buildings ou l`atmosphere pue. D`une dure vie de nomade, il passe a une dure vie de sedentaire citadin… D`une nature hostile avec laquelle ils cohabitaient, tant bien que mal, ils rejoignent un zoo violent indomptable ou l`argent est le maitre, le maitre-mot. Ils ont deplace leur ger traditionnel dans la ville, a la recherche d`un monde meilleur. Je ne vois pas de monde meilleur a Ulanbaatar! Ils errent dans la ville, habilles de leur plus beau costume traditionnel. J`ai l`impression que leur visage s`attriste et que leurs yeux recherchent desesperement la steppe qu`ils ont quitte a contre-coeur.
Bien sur la plupart des habitants d`ulanbaatar sont de simples citoyens travailleurs, vetus de jeans et de costards, attache-case a la main aux pas rapides… Celui qui sait ou il va. Comparable a un citoyen moscvard, parisien, ou new-yorkais, qui s`est adapte au mode capitaliste et qui sait comment marcher en ville… Mais une grande minorite d`anciens nomades errent dans cette capitale, s`eloignant de leurs propres valeures.
Malgre tout, la mongolie des nomades semble avoir encore de belles annees devant elle et le nomadisme existe et demeure! Dans la steppe, une riviere nous fait obstacle… Un cavalier qui passait par la au meme moment nous fait traverser la riviere sur son cheval. On lui offre 1 kilo de riz qu`il accepte de maniere traditionnelle: manche longue retablit, bras droit tendu soutenu par la main gauche sous le coude, on lui offre le riz. A l`approche du petit campement de ger, des enfants s`activent, entrent et sortent de la ger comme des chats, tout excite d`une presence etrangere… Tout le monde nous sourit et la femme de la ger nous offre du fromage frais, des biscuits et de l`airag (lait de jument fermentee, boisson fraiche locale, un peu alcoolisee).
Les experiences nomades se succedent au fil des vallees arides… On ne croisera pas un arbre en 3 jours! On passe la nuit dans une ger chaleureuse qui nous confectionne une bonne soupe mongole (eau, beurre de yak, viande de chevre, pate maison) et nous offre le tse (eau, lait, the, sel, beurre). Le lendemain, le temps se couvre, le vent du nord souffle un froid terrible et les flocons commencent a tombee. Au fur et a mesure de notre progression pedestre, le manteau de neige s`epaissit jusqu`a blanchir toute la nature qui nous environne! On passe la journee a marcher a contre-vent, on apercoit des cercles de 6m de diametres au sol: des ger qui ont bouge vers les vallees, un peu plus bas, pour le camp d`automne! Finallament les rapaces et la boussole nous conduisent vers une vallee encore plus belle… Fraichement vetu de son nouveau manteau blanc! Un oovo (pyramide de pierres. Y deposer des pierres en y faisant 3 fois le tour pour venerer les ancetres et se proteger des mauvaises experiences. Entre chamanisme et tradition nomade) et un troupeau de yaks laisse enfin presager la presence d`etres humains dans la vallee. En effet, trois ger et quelques enclos apparaissent en contre-bas d`une collione. Ce sera notre nouveau refuge pour la nuit. La temperature est automnale: -15 environ. L`hiver doit etre rude ici! Une famille de nomade nous accueille chaleureusement dans leur ger de mariage de 20 ans d`age (on sera accuilli plus tard dans une ger d`une centaine d`annees… Cet habitat traditionnel est plutot resistant!!!) puis nous suivons leurs activites agricoles: aller chercher les troupeaux (100 chevaux, 70 yaks et 500 chevres) a cheval, evidemment! Traire les juments, yaks et chevres (travail de la femme, uniquement), recuperer des bouses de yaks pour le feu, preparer l`airag, le tse et la soupe du soir, couvrir les enclos de peaux de bete et de vieux tapis pour proteger du vent du nord, trop froid, et finallement raccompagner les chevaux dans sur l`autre versant de la vallee, protegee du vent, avant de rentrer au chaud, pres du poele central de la ger. Dans la ger, la porte se situe vers le nord; le tse est toujours pose en direction de l`armoire sacre ou trone un petit bouddha, quelques petits rouleaux a prieres et des icones bouddhistes; on ne doit pas s`appuyer aux poteaux centraux, on ne doit pas jeter de dechets ni de papier dans le feu, sacre, et on doit toujours s`allonger les pieds vers la porte. On se fait tres vite a ces petites regles traditionnelles. Le lendemain matin, dur dur de sortir du sac de couchage, ca meule grave! Encore une fois c`est la femme qui allume le 1er feu et prepare la soupe du matin. Les travaux sont bien separes: l`homme s`occupe des troupeaux et des travaux manuels (bricole la moto ou reparer la charette, aller chercher le bois…), la femme cuisine, trait les animaux et prend soin de la ger. Apres une bonne soupe et quelques bols de tse, on repart vers Xujirt, prochaine etape, a environ 30 km de la. Rapidement on se rend compte qu`on a oublie nos batons de marche… Demi-tour. Disparus! Je me souviens la veille avoir plante une croix formee de 2 batons qui allait servir d`epouvantail, pour effrayer les loups et les eloigner des troupeaux. Une vieille veste posee sur la coix, au centre des troupeaux. Ce sont nos batons! Amuses, le pere nomade nous coupe une longue branche en 2 et nous repartons avec de nouveaux batons de marche! Sur le depart, nous avons la mauvaise idee de caresser brievement les 2 chiens du campement… Erreure! Ils nous suivront toute la journee… Pas l`habitude de recevoir de la sympathie de la part des humains, ils nous ont adoptes quasi immediatemment! Ce sera seulement a l`approche du village, a une 20ain de kilometres du camp, que le jeune nomade nous rejoindra en moto pour recuperer ses chiens. Oblige de l`attacher sous les pattes (pas de collier dans le pays de la liberte!) et de le trainer sur la neige, a moto, pour attirer le 2eme qui voulait definitivement rester avec nous! Moment triste… On s`efforcera de ne pas reproduire ce genre d`erreures!!!
Les villes mongoles, outre Ulanbaatar qui reste une capitale, sont de petites bourgades tranquilles de 10 a 20000 habitants ou l`on compte les batiments de plus d`un etage sur les doigtd de la main! Pas de bitume, pas d`immeubles, peu de lampadaires… Les familles ont chacunes un terrain d`environ 200 m2 entouree de palissade en bois. A l`interieur, une ger, un toilette au fond (petit abri en bois avec un grand trou), et parfois une petite maisonnette en dur. Les enfants vont chercher l`eau dans la riviere avec des bidons portes par un diable. Nous avons ete accueillis dans ces ger de “ville” quelquefois. La ger 2008 est assez surprenante! Elles sont toutes bien equipees et super organisees: TV, DVD, petit lavabo, parfois machine a laver et gaziniere, parfois PC. Une vraie petite maison ronde! Toujours le poele central et l`armoire sacre. En 4 jours, on aura parcourus environ 100km a pied, effectuant de nombreux arrets dans les camps nomades… L`itineraire: Arvaikher- uyunga- zumbayan ulan- Xujirt. Experience inoubliable.

Paulin.

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