14/01/2009

Delire a DELHI

Un petit peu plus d une semaine passee ici, j ai l impression d avoir vecu le contenu de deux!
New Delhi est une ville eeeenorme, hors norme, ici il y a seulement les regles sociales de chacun et leur hierarchie dans les castes.
Il est difficile de comprendre leur fonctionnement qui semble etre un vaste labyrinthe, de recoins tantot doux, sucres et chaleureux, tantot pimentes, epices, trop forts pour une petite occidentalle comme moi.
EH OUI parce qu il faut que je m habitue a la circulation a gauche (surtout en tant que pieton ayant l habitudde de regrader a gauche, SURPRISE les voitures arrivent par la droite!)
Sinon c est avec le rickshaw qu on se deplace , que 75'/. des gens circulent pour prendre place dans le jus sale et fluide de la vaisselle routiere. C est un espece de scooter tout mignon a vitesses qui roule au gaz sur trois roues.
Il faut etre detendu et avoir confiance en la vie car nombreuses sont les occasions de se blesser, ou d avoir un accident .
Sacres bouffees d adrenaline! ici le rickshaw prend la plus profonde des quatres voies d un rond point pour s engager sur la sortie suivante. Ca klaxonne, ca crie, c est ca le code de la route.

New Delhi grande capitale ou les regles de consommations sont des reflets deformes des notres: tout peut se negocier! C est la tchatche, le blabla, le blabla d un jeu au bout duquel tout le monde doit y gagner. On oublie les euros, le prix d un ananas ici se discute d apres sa forme, son caractere, ses feuilles, son odeur; on goute, on taquine, mais surtout on ne laisse pas les commercants profiter de notre statut de touristes.
Faut le dire, on est souvent objet de curiosite a nous deux; regards indiscrets et parfois insistants, on nous scrute le bout du nez et les moindres rides. ..A notre tour nous rencontrons de belles situations, des positions burlesques et des sourires poetiques.

Je leve mon regard et laisse mes yeux s envoler dans les airs: comme des bancs de poissons des tas de pigeons fluctuent au fil des sifflements produits par les eleveurs dompteurs de volatiles; autour d eux, des faucons par dizaines.
Je me sens en nage libre dans cet univers ou j ai plonge le coeur en premier. Dans les rues ce ne sont pas des touffes d herbes qui poussent, mais des ordures. 'Ordures" et non pas "dechets" car ici, tout se recupere: les mendiants ramassent les bouteilles en plastique, les papiers pour les revendre au poids, puis les vaches s occupent des restes organiques. Les narines, elles, s exclament " cette rue diffuse la meme senteur que les bords de St Pee le lendemain d herri urrats!!" ...melange de terre, de poussiere, de pisse fraiche, de bouse de vache fermentee ..puis de cumin, de curry, de galette beignant genereusement dans l huile. On s y fait tres vite surtout lorsqu on connait le parfum des rues du petit bayonne en fete!!

Une journee a Delhi se connote d emerveillement, d humour et d agacement. Devant chaque boutique, un indien t appelle et t invite a te perdre dans les envies probables d acheter un produit dont tu n as strictement pas besoin!
" HALLO MADAM'! come to my shop! my shop!"
" EXCUSE ME! Excuse me! come!!"
" Excuse me missiz'! Hallo Hallo!"
dans le cadre dune rue parcemee de boutiques tous les 1 a 2metres, sa fait beaucoup de sollicitation!
Alors c est agacant! et on met les choses au clair en criant " STOP NOW!!!!" ........tout le monde s arrete, puis tout le monde rigole...
Les indiens de Delhi sont cools, ils ont le temps et s enervent rarement. Par contre ils sont capables d inventer des conneries de reponses des gros bobards et des enormites au lieu de repondre " je ne sais pas" tout simplement...Pour trouver une rue, mieux vaut demander a minimum 4 indiens, on additionne les reponses on fait la moyenne et on y arrive, quitte a parfois opter pour la direction opposee a celle conseillee!
Ils sont aussi prets a dire n importe quoi pour vendre; y en a meme un qui nous a sorti " Money is cheap!"

Et puis il y a le squelette de la ville...image radiologique des rues qui bouent qui bullent ou on peut observer l interieur des maisons, les circuits descaliers qui longent des murs pas termines, ou on peut voir les gens y vivre,
tel un mega montage anarchique de Legos chaque brique a sa place, le vide se fait vite remplacer par des planches, des sacs de tissus, des velos rouilles et de la ferraille. Debris rime avec decor.
Le ciment est comme transparent, j analyse les articulations osseuses de ce systeme urbain.
Il est saisissant de constater a quel point elles ont fracturees par la misere creant des gouffres qui dissequent la moelle.
A quel point elles sont arthrosiques, vieillissantes et traumatisees par les gifles de l injustice.
Ici on ne nous cache rien, la realite est visible, palpable et puissante, et au moment ou elle commence a nous prendre par les tripes, une fraiche vague de poesie inattendue nous saisit et deferle...
...d une sourie denfant en un son de tabla...
...d une vache qui passe en un passant qui chante ...
...d un cri de perroquet en une partie de criquet...
donc ainsi va la vie,
avec le temps de se balancer sur ses flots agites par l epice indienne,
avec l espace de se jeter tout nu dans les maux bouillis dans l acidite humaine.

Prochaine etape, on s achete une moto bullet avec lequel on va sillonner l Inde vers le Sud..rencontre avec le desert du Rajhastan, puis la campagne, j ai hate de suer mon energie. Litineraire nous fait tracer au Sud puis nous remonteront jusqu au Nord Est pour arriver au Nagaland. NAGALAND, etat colonise au XIX eme siecle qui a la particularite d un certain rite tribal: LES COUPEURS DE TETES!! L homme doit ramener une tete decapitee au pere de la femme a epouser..je me corrige car le dernier rite de ce genre s est perpetre et petrifie dans les annes 80...mais le peuple xiste toujours avec toutes ses coutumes
A Voir absolument, a vivre intensement.

L Inde est un bijou incruste de milliers de surprises comme celle-ci, milliers de pierres, de roches, de gommes qui valent le coup de s abimer la retine par et pour ses lumieres, ses etincelles et ses reflets.
Sur cette cascade rythmee de chance et de cadence nous continuons la danse en decalant nos pas sur les cotes, dans les coulisses, derriere les rideaux, devant les flambaux, loin d avoir termine la seance.
Le spectacle vient a peine de commencer que j ai deja envie d applaudir cette vie qui ma emmenee jusqu ici!

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